QUEBECITUDE

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UN AN DÉJÀ... c'était prémonitoire !

UN AN DÉJÀ...c'était prémonitoire !

 

Québec, le 15 novembre 2004.

 

ATTENTION : François Bourque, Directeur de l'Information au journal le Soleil.

 

OBJET : La série d'articles « VIVRE À QUÉBEC »

 

Quand une ville s'apprête à commémorer un quatre centième anniversaire, il est raisonnable qu'elle veuille s'y préparer avec fébrilité et ce qui est encore le plus important, de tout mettre en œuvre pour impliquer sa population à participer le plus possible au processus de ces grandes festivités qui accueilleront le monde entier chez-nous, pour partager avec nous ce joyaux qui a pris forme sur le Cap Diamant et qui n'a cessé depuis de se polir, de multiplier ses facettes, de se métamorphoser et de faire l'envie de ses habitants et des nombreux touristes qui nous découvrent lors de leur passage dans nos murs, mais aussi de plus en plus tout autour de ce que nous appelons la grande agglomération urbaine de Québec.

 

Il est intéressant de constater que le quotidien Le Soleil de Québec a voulu profiter de son pouvoir, de toucher les masses, en produisant une série d'analyses sur notre vécu, nos états d'âme et nos attentes pour le futur comme résidant de cette vieille ville fondée par Samuel de Champlain. Ma première impression, devant une telle abondance journalistique, me rappelait mon arrivée à Montréal en 1984 où, en allant manger chez les Grecs de la rue Duluth, sur le plateau, nous pouvions bouffer comme des cochons pour 9,95 $ et apporter notre vin qui nous était versé dans des coupes opaques en « duralex ». Le serveur nous arrivait avec une assiette ovale, de près de quarante centimètres, bourrée au centre du principal, de la salade à gauche et autour, une enfilade de patates grasses bien dorées. Chaque fois, nous n'arrivions jamais à tout manger et heureusement par ce que nous aurions fini par croire qu'un jour nous pourrions devenir de la côtelette, du filet ou de la darne.

 

Alors donc, l'abondance d'information sur Québec échelonnée sur plusieurs jours, dans plusieurs cahiers, me rappelle les agapes de ma période montréalaise. Je ne suis pas certain qu'en voulant nous « bourrer » la face de cette manière, vous allez réussir à obtenir des réactions qui pourraient susciter une meilleure conscientisation et surtout l'adhésion de la population à se retrousser les manches et à prendre d'assaut cette ville, pour enfin, en faire sienne. Vous savez bien que tout est mis en œuvre, depuis des lustres, pour écarter la population des prises de décisions, de ses aspirations et de ses besoins. Vivre ici, contrairement à la chanson de Charlebois, ce n'est pas vivre comme aux États-Unis. Vivre ici, c'est continuellement subir les folies de nos élus et leurs factures qui n'ont jamais la propension de vouloir nous laisser respirer et nous abandonner.

 

Une statistique de votre journal stipule qu'un citoyen sur cinq trouve qu'il y a trop d'immigrés à Québec. Ce n'est pas la première fois que des sondages rapportent ce fait troublant et qui dénote, sans l'ombre d'un doute, l'esprit certainement raciste de cette ville. Curieusement, lors de la première assemblée municipale à l'Hôtel de ville de Québec, en janvier 2004, j'ai demandé personnellement à monsieur Jean-Paul L'Allier, lors de la période des questions, ce qu'il comptait faire pour enrayer le racisme à Québec et je faisais référence à un éditorial de Julie Lemieux du Soleil. Monsieur le maire m'a répondu à l'effet qu'il n'y avait pas plus de racisme à Québec qu'ailleurs. Je lui avais même suggéré de faire comme à Montréal et d'ouvrir les portes de son Hôtel de ville durant la période des fêtes pour que les citoyens puissent se rencontrer et fraterniser. Non, pour monsieur le Maire ce n'était pas dans sa tasse de thé.

 

Pourtant, monsieur l'Allier, en homme instruit, sait très bien que Québec soit un lieu extraordinairement propice pour que le « nettoyage ethnique » s'y pratique en douce. Dans le cours de l'année, j'ai rencontré des résidents de Québec, d'origines diverses, et ils m'ont tous affirmé qu'ils avaient hâte de quitter cette ville parce qu'ils ne se sentaient jamais les bienvenus. Certaines des personnes rencontrées vivent ici depuis même une vingtaine d'année. Pour ces gens, Montréal serait une ville idéale parce que le bassin multiculturel de cette ville pourrait davantage leur offrir une sécurité. J'ai même eu le plaisir de converser avec des vrais anglais qui ont eu le courage de demeurer à Québec. Ils sont peu nombreux et se font discrets. Ils sont craintifs. Ils sont pensifs quand on aborde un peu l'histoire. Tout de même, ils ne partiront pas, parce ce qu'ils aiment cette ville de manière inconditionnelle. Ils se demandent bien pourquoi l'annonce du plus vieux journal de ce continent (The Quebec Chronicle's and Telegraph) au coin des rues Buade et du Trésors soit disparue secrètement. Peut-être, se disent-ils, ils la reverront en 2009 pour les fêtes du 250ième de la Bataille des Plaines d'Abraham.

 

Ensuite, votre journal a encore trouvé le moyen de « bander » sur des animateurs de la radio de Québec. Non rassurez-vous, je n'irais pas jusqu'à me raser les poils du cul, mais juste une petite retouche. Sacré Jeff Filion! Il n'y a pas à dire, vos textes étaient passablement informatifs en ce week-end. Pensez-vous sérieusement que deux animateurs de radio peuvent tenir à bout de bras cette ville et la faire branler sur son cap. Nous pourrions presque croire que vous faites inconsciemment leur publicité et c'est à se demander si vous n'êtes pas leurs complices en jouant à ces jeux immoraux, ces jeux débiles, ces jeux irresponsables, bref ces jeux puérils qui dévalorisent régulièrement notre milieu de vie.

 

Les rapports de votre journal avec le simple citoyen ont souvent des connotations irrespectueuses. Pourtant, j'ai déjà dit à certains de vos journalistes, même à monsieur Dubuc, que le citoyen ordinaire, quand il s'achetait un journal comme Le Soleil, méritait d'être respecté. Votre journal pêche souvent par certaines « tournures » de phrase ou pensées cyniques qui dénotent que vous ne portez pas un respect inconditionnel à vos lecteurs.

 

Lorsque est survenu le scandale de la prostitution juvénile, vous vous êtes comporté comme des partisans de la protection des élus, des élites, de la magistrature, de la police et jamais vous n'avez accordé une sympathie ou une compréhension envers les simples citoyens qui voulaient que le Gouvernement fasse toute la lumière sur ces évènements. La ville de Québec, n'était pas la seule ville éclaboussée par des activités de prostitution juvénile. Il n'y en avait bien d'autres comme par exemple Lisbonne au Portugal. Beaucoup de spécialistes du domaine policier, judiciaire ou dans les milieux des psychologies de la criminalité, s'accordent à dire qu'il était possible d'enrayer les réseaux de prostitution et de faire condamner les criminels. Toutefois, quand les politiciens s'immiscent dans ces dossiers, il est toujours terriblement hasardeux de solutionner ces causes qui traînent toujours en longueur dans le processus judiciaire. Le petit peuple, messieurs ou mesdames les journalistes, savent très bien ces choses et ce n'est pas pour rien qu'il s'est impliqué dans un froid de canard devant leur Hôtel de ville pour dire tout haut et tout fort : « Que l'on continue ».

 

Pour terminer mes premières impressions sur la présentation de ce banquet à la Grecque [S.V.P. ne pas y voir une connotation raciste ici par cette expression] je dirais qu'il est certain que Québec offre une qualité de vie exceptionnelle et souvent nous le réalisons pas. Québec est une ville au potentiel inimaginable et il serait souhaitable qu'elle puisse devenir multi-ethnique tout en demeurant francophone. Il y a des mentalités à changer et ce n'est pas avec un maire qui passe son temps dans son bureau ou dans les banquets qu'il va comprendre et tâter le pouls de son peuple et échanger avec lui. Vous vous imaginez lorsque le petit Antoine Caron est mort dans le feu de sa demeure à Beauport l'an passé parce que les pompiers de monsieur le maire ne sont pas arrivés à temps, vous vous souvenez que Jean-Paul L'Allier n'était pas aux funérailles. Si j'avais été à la place des parents du petit bonhomme, j'en aurais été royalement insulté.

 

Puissent les Dieux nous accorder un maire ou une mairesse qui se consacrera au service de toute une population et pas juste pour les « grosses poches » de notre citée.

 

En dernière heure: DÉCEMBRE 2005, les Dieux nous ont accordé une mairesse. À SUIVRE...

Gilles Pelletier, Québec.

 



03/12/2005
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