QUEBECITUDE

Québec, le 15 novembre 2004.

EFFET DE SERRE, S'INQUIÉTER OU EN PRENDRE CONSCIENCE?

Au Québec, lorsque nous entendons parler du réchauffement de la planète, nous devenons un peu pompettes, comme si nous venions d'ingurgiter un alcool  gradué pour faire oublier la petite bière.  Nos hivers, paraît-il,  deviendraient plus courts, plus doux et nos étés s'allongeraient et nous devrions nous allonger, nous aussi,  un peu par obligation parce que justement, ces étés seraient en même temps plus suffocants, à cause du mélange chaleur torride et humidité élevée.

Récemment des scientifiques, après avoir scruté  les dessous de l'Arctique, sont revenus avec des échantillons de carottes qui se sont avérés suffisamment bavards pour indiquer, qu'effectivement il existe bel et bien une fonte glaciaire dont le processus d'accélération, au fil des décennies, ne trompe plus personne.  La nouvelle de l'heure évidemment ce sont les résultats de ces découvertes qui  permettent, à ne plus douter de cette « calamité » et  de se prononcer sur une annonce officielle et solennelle du réchauffement de notre planète.

Cette fois-ci, c'est « full sérieux » pour employer une expression d'ados et les scientifiques sont en mesure de nous démontrer, noir sur blanc, que d'ici une centaine d'années, la banquise de l'Arctique aura disparue et il faudra appréhender un rehaussement du niveau des océans.

Depuis que cette dernière trouvaille est venue nous toucher, nous pouvons entendre et lire toutes sortes de commentaires, sur les lignes ouvertes ou sur les pages des journaux.   Encore une fois, il est étrange de constater que certaines solutions, plus ou moins simplistes, semblent avoir la ferveur du public. Ainsi, plusieurs tombent comme des mouches, dans le pot de miel, en voulant relever pour la nième fois les taxes sur l'essence.  Trop c'est trop et le tout me fait penser à ceux qui quêtent pour ramasser des fonds pour empêcher le suicide. L'argent ne règle rien, non vraiment rien dans ces cas. Les solutions doivent surgir de l'intelligence des humains, de son raffinement et d'une révision exhaustive de nos modes de vie.

La terre va heureusement nous obliger à réfléchir parce que ce n'est qu'une grosse boule de matière et de vie, qui le plus souvent se fiche pas mal de ce que nous pouvons penser ou faire. L'effet de serre, qui se produit sur la terre, doit être considéré comme un phénomène naturel. Toutefois, il nous faut nous rendre à l'évidence que celui-ci, en étant devancé et multiplié par nos modes de vie inintelligents, fait en sorte que nous lui brisons son rythme programmé par  la nature et ainsi, nous devons et en subirons durement les conséquences, en lui imposant touts ces « bugs » dans ses structures vitales.

Il est louable de vouloir et de proposer toutes sortes de remèdes, au réchauffement accéléré de notre planète, mais la véritable solution passe par une conscientisation, un changement dans nos habitudes, une surveillance auprès de nos grands conglomérats industriels et une collaboration au niveau mondial à propos de notre pollution, ne serait-ce  que sur ce seul aspect de nos vies de tous les jours.

Toujours et encore,  il faut se convaincre que notre planète est en perpétuelle transformation et à ce titre, il y a une phrase intéressante dans une chanson de Robert Charlebois qui maintenant prend tout son sens: «On gèle au sud on sue au nord» ou  quelque chose du genre et c'est ce qui est inscrit aussi dans les gènes de la terre me semble-t-il.  Vous n'êtes pas obligé d'aller vous acheter un Hummer demain matin, mais si vous en avez déjà un, gardez-le et roulez. Avant de vous acheter un SUV, pensez-y, mais si vous en avez déjà un, gardez-le et roulez. Autrement dit, maintenant on se «garroche» plus sur n'importe quoi, mais on réfléchit un peu plus ensemble sur ce qu'il faudra faire pour déménager la maison sur une butte parce que l'eau monte toujours plus près de ses fondations.

Gilles Pelletier, Québec.